mardi 17 février 2015

I- Le vampire un prétexte pour expliquer l'inexplicable ( TPE réalisé par Ophélie JOSSET, Salomé VOLMAR, Océane MAUREY)


Monstre, démon, séducteur, manipulateur. Le vampire, connu de tous, apprécié ou détesté, ne laisse personne indifférent et cela depuis  des millénaires.


Attention aux dents perdues!  



Le mythe dans l'Antiquité 

Lilith (1892) par John Collier
Comme nous l'avons dit précédemment, le mythe du vampire fut créé il y a bien longtemps, dans l'Antiquité, avec  le panthéon assyrien qui  possède des démons suceurs de sang dont la cruelle Lilith.
Dans la Bible, Lilith est la première femme créée par Dieu. Mais Dieu utilisa de la boue, mélangée à tout ce qu'il y a de mauvais sur cette terre. Adam la rejeta et  Dieu créa alors Ève. Symbole du mal absolu, du vice et de la luxure, Lilith représente l'abandon de la morale et de la pureté. Elle est donc a priori l'une des première sortes de vampires connues à nos jours. Malgré tout, Lilith ne possède pas les caractéristiques que nous connaissons du vampire "traditionnel"  : dents longues, soif de sang, hypnose etc. Lilith était appelée "Démon dévorateur" car, remplie de jalousie pour ces enfants, elle les tuait un par un en les vidant de leur sang et de leurs entrailles. Voilà pourquoi Lilith est associée au mythe du vampire, et elle est, de ce fait, la première vampire à être apparue sur terre. Voilà aussi également pourquoi les vampires sont associés aux démons et donc au mal, à Satan, car Lilith était selon certains récits la "première démone" de Lucifer; cela signifie qu'elle était chère aux yeux de Lucifer. 

Même dans le nouveau testament il y a eu des accusations de vampirisme. En effet les premiers chrétiens étaient accusés de vampirisme car il buvaient le sang du christ.


Plus tard, les Romains ont eu Lamia, une goule malfaisante qui vampirisait et dévorait les bébés.
 Pour prendre un autre exemple, Homère disait que les créatures de l’Hadès étaient désireuses de retourner à la vie après leur mort. Elles pouvaient combler ce désir en ingérant du sang de leurs victimes qu'elles buvaient goulûment. Ainsi, Œdipe dit dans la pièce "Oedipe Roi" de Sophocle (v.261) :  "son corps froid viendra sucer le sang chaud " des Thébains, après leur défaite. 
Toutes les religions et histoires ont leurs parts de vampirisme, après nous interpretons ces faits comme nous le voulons. Mythe ou réalité ? Chacun choisis d'y croire ou non.
L'acte de sucer le sang des victimes était donc présent dès l'Antiquité. Pourtant c'est bien plus tard que le "vampire" que nous connaissons aujourd'hui apparaîtra , allant ensuite avec toutes les caractéristiques propres aux vampires.
  
Le vampire du Moyen Âge jusqu'au XVIIIè siècle 

Les vampires furent une véritable préoccupation à cette époque. Des récits de toutes parts narrent une apparition de  vampire ou bien un mort revenu à la vie. 
La découverte d'un cimetière de "vampire" à Kilteasheen, près de Loch Key en Irlande, en l’an 720/760 continue à alimenter le mythe. Ce sont des archéologues qui pensaient retrouver des vestiges d’un ancien évêché et qui ont en réalité découvert un cimetière de « vampires ». En effet les squelettes montraient des signes de mutilations sévères : leurs mains avaient été sectionnées , certains avaient des pieux dans leur poitrine et cette  centaine de squelettes avaient été enterrés à l’écart des autres tombes. Ces archéologues ont rebaptisé ces sépultures comportant des anomalies : des sépultures déviantes. Ce terme est utilisé pour désigner pour les tombes n’ayant pas les caractéristiques habituelles du Moyen Âge, c'est-à-dire dans le respect de la religion. Plus tard, d’autres cimetières de ce genre ont été découverts, tous portant les traces de violence, liées à la peur du peuple croyant dur comme fer à l’existence du vampire. 
Dans toutes les civilisions où le vampire était présent,  on retrouva dans des récits des moyens de se protéger du mal. Par exemple, les tribus bantoues Ovambo, en Afrique Australe, coupaient la tête et les membres de leurs morts  pour prévenir le retour d’esprits dans le monde des vivants. A l’époque païenne, afin de garder le mort dans sa tombe 
( physiquement et psychiquement parlant ), les Slaves de l’Ouest utilisaient souvent la   "pierre de cadavre" : on déposait sur la poitrine du défunt une pierre plate, et pour renforcer l’efficacité du procédé, on immobilisait parfois les membres grâce à des cailloux de plus petite taille . En Europe, on empalait et on brûlait les défunts suspects au XIIe siècle.
Le mythe du vampire prit une si grande ampleur que l'Eglise catholique dut intervenir notamment avec l’évêque Augustin Calmet qui écrivit  en 1746, " le Traité sur les apparitions des esprits et sur les vampires". Il y racontait que les vampires existaient mais que l'Eglise catholique pouvait les protéger du mal. 
Le mythe devient donc de plus en plus concret.
Ainsi, au XIIe siècle, il fait tellement peur que l’on doit, en Angleterre, brûler ces créatures pour apaiser la colère populaire. Bien sûr la plupart du temps ce sont des innocents qui en pâtissent. 
Bagage contenant le nécessaire pour se protéger des vampires ( datant probablement de la fin du XVIIIè siècle)
Contenant un pieu, un miroir, de l'ail, la photo de Vlad Dracul et Elizabeth Bathory, une Bible. 
 


Plus tard, en décembre 1732, des médecins militaires autrichiens ont enquêté sur une série de décès survenus dans un village de Serbie, qui fait alors partie de l'Empire austro-hongrois. Les habitants du village ont expliqué aux Autrichiens que 17 personnes étaient mortes mystérieusement  en l'espace de trois mois. Plusieurs d'entre elles se seraient, selon eux, transformées en vampires. Le chirurgien en chef a alors rédigé un rapport des autopsies qu'il a réalisées, car les autorités craignaient que ce soit une épidémie.
Le chirurgien a pu constater que sur les 17 corps, seuls quatre se décomposaient selon le processus naturel .
Les autres présentaient, selon lui, des choses étranges qui n'auraient pas dû être présentes sur les cadavres :
  • Ongles longs
  • Peau souple
  • Présence de sang frais à l'intérieur du corps
  • Présence de sang à la commissure des lèvres

Le chirurgien a vite conclu que ces cadavres étaient des vampires. La presse s'est aussitôt emparée de l'histoire qui a fait la Une dans toute l'Europe. En effet, à cette époque, nous avons pu voir que le mythe du vampire était très ancré dans les croyances populaires et il en fallait peu à la population pour crier aux vampires.

Pourtant, petit à petit, les phénomènes « vampires » en Afrique, Grèce, Asie se sont mis à disparaître pour laisser place au mythe des sorciers, loups et autres créatures surnaturelles et dieux en tous genres. 
Le vampire a cependant subsisté en Europe et en Amérique continuant d’alimenter la terreur du peuple et son incompréhension face au monde qui l’entourait.
La science aujourd'hui nous explique beaucoup de choses ; ce n'était pas le cas en revanche lors de la période de terreur qu'engendrait le vampire. Comment pouvaient-ils expliquer les bruits sourds que provoquait le cadavre lorsqu'on lui plantait un pieu dans le cœur 
( moyen de tuer un vampire efficacement et qui est resté dans le mythe de nos jours ) ou bien les ongles de ces cadavres qui poussaient alors que ces derniers étaient bel et bien morts ? Leur croyance très forte en Dieu leur faisait croire que tout ce qui était le processus normal de décomposition était en fait des signes du mal, du démon et donc du vampire. Le mythe fut donc créé sur de l'ignorance mais aussi, nous allons le voir, à cause des personnages sombres de l'histoire et de maladies dévastatrices.


Personnages et maladies à l'origine du mythe 
    Des personnages et des maladies sont à l'origine de l'évolution du mythe.


 C'est  Friedrich Murnau qui a  tourné "Nosferatu" en 1922
Nosferatu 1922 (photo tirée du film)
 et qui a introduit l'incapacité des vampires à se promener en pleine journée . Avant, les vampires étaient certes des créatures de la nuit ( à cause du fait qu'il se réveillaient de leurs tombes, et donc par conséquence sortaient de nuit ), mais ils pouvaient très bien se balader en plein soleil. L'origine de cette particularité vient de la "xeroderma pigmentosum" ; les individus atteints de cette maladie ne peuvent s'exposer aux rayons solaires car ils peuvent  voir apparaître de graves lésions au niveau de la peau.


D'autres maladies peuvent aussi expliquer le mythe, notamment la tuberculose qui est souvent connue pour être la maladie à l'origine du vampirisme car elle associe divers symptômes ( produits par l'affaissement des tissus des poumons et l'effusion de sang sur les lèvres) passant pour vampiriques.


 La rage est aussi une maladie qui concourt à expliquer le mythe du vampire, car elle possède les symptômes et les comportements de ceux qui en sont atteints : chez les hommes, il y a le  teint pâle (l'hypersensibilité à la lumière empêchant de sortir au soleil),                     l' hydrophobie (due à une hypersensibilité à l'eau). La rage se propage par la morsure d'animaux, notamment celle des chauve-souris ( l'animal étant très souvent associé au vampire car il mort ses victimes). On croyait donc que les vampires se transformaient en chauve-souris afin de passer sans soupçons près des habitations.  La rage pousse également  le malade à mordre les autres et à avoir un filet de sang à la bouche, encore une fois, ce sont des symptômes qui sont devenus caractéristiques du vampire.


 Par ailleurs et pour renforcer cette croyance, une épidémie de rage s'est propagée en Europe de l'est au moment de l'apparition des premiers récits de vampires. Tant de coïncidences ont amené la population à tirer des conclusions hâtives : ces maladies sont en fait l'expression du vampirisme.


Au-delà des maladies, il y a les phénomènes naturels de décomposition qui étaient en pris comme des marques de vampirisme. Les phénomènes gazeux ou de changements de couleurs de la peau, comme la paleur cadavérique survenant lors de la décomposition du corps, sont ainsi autant de manifestations d'une activité surnaturelle pour la population.

Après la mort, la dilatation des fluides provoque également l'explosion des racines des cheveux, donnant l'impression que ces derniers continuent à pousser. La peau se rétracte, ce qui donne l'impression qu'ongles, poils et cheveux poussent après la mort. Tous ces phénomène étaient pour la population ignorante et peu instruite des signaux indéniables que les vampires existaient.  

Mais ce sont surtout de deux personnages historiques que provient le mythe:


Vlad dracul  et Élisabeth Báthory. 




Vlad Tepes en XVè siècle



 Né en 1431, Vlad III est le fils du gouverneur militaire de Transylvanie. Il a passé son enfance loin de sa famille. Son père, Vlad II, l'a envoyé à la cour Ottomane auprès de Sultan Murad II pour garantir la paix dans la région.

A la mort de son père,  Vlad va entamer un combat avec son frère pour parvenir au pouvoir. Il accède finalement au trône en 1448.

Lorsqu'il devient empereur , Vlad est un personnage très autoritaire et sème la terreur chez ses ennemis. Il emprisonne, torture, et tue volontairement tous ceux qui osent se mettre en travers de sa route. Il ordonne que les punis soient écorchés, bouillis, décapités, rendus aveugles, étranglés, pendus, brûlés, frits, cloués et enterrés vivants  ! Il aime couper le nez de ses victimes, les oreilles, les organes génitaux et la langue, mais la torture dont il raffole est la technique du  «pal» ( qui revenait à empaler ses victimes),  d'où son surnom de "Vlad l'empaleur"...

En fait, Vlad n'a empalé que quelques personnages, mais de haut rang: c'est ce qui a frappé les imaginations et lui a valu son deuxième surnom de "Tepes, l'empaleur". 

La légende veut que, lors de la guerre contre les Ottomans, il empale ses propres soldats qui présentent une blessure dans le dos ou ordonne à un de ses généraux d’empaler un soldat sur douze parmi ceux qui refusent d’aller au combat. Si le général refuse, Vlad le transperce sur le champ...



Finalement la véritable histoire de Vlad Tépès est très difficile à résumer car elle est mêlée de folklore, de légendes et de vérités historiques.

Après sa mort en décembre 1476, il fut appelé Dracula, c'est-à-dire le diable dans la langue valaque.
Dracula ( "dragon" en roumain) est un personnage de fiction inventé par l’écrivain irlandais Bram Stoker (1847-1912) en 1897. 

Bram Stoker avait sans doute vu des gravures à la Royal Library de Londres, qui représentaient Vlad III devant une forêt de pals et avec le surnom "Dracula". Il s’en inspira pour le titre de son livre. Toutefois, son personnage Dracula n’est pas Vlad III, mais un noble de Transylvanie, bien que Dracula soit en grande partie inspiré de Vlad Dracul mais aussi d'Élisabeth Báthory.


Élisabeth Báthory portait supposé 


La légende d'Élisabeth Bathory 


Elisabteh Bathory, sanglante comtesse hongroise et aristocrate qui a vécu dans le début du XVII ème siècle, s'est engagée sur un chemin quelque peu morbide.

 Elisabeth a eu une histoire malheureuse : elle était mariée à un homme implacable et désagréable. ELisabeth lui a ensuite succédé au royaume de Hongrie. Elle a ensuite appliqué de nombreuses choses qui lui avait enseigné. 
Elisabeth était lesbienne et obsédé par sa jeunesse et par sa beauté. En approchant de ses 30 ans, elle se vit vieillir. C'est son obsession pour les jeunes servantes belles et vierges qui a transformé Elisabeth Bathory en un véritable monstre. Cette métamorphose fut déclenchée par un acte banal. 
En 1609, Elisabeth frappa une de ses servantes à sang ; une goutte resta sur la main d'Elisabeth. Elle l'étala puis eut l'impression que ce sang la rendait plus belle. Elle sentit que sa peau était comme revitalisée par le sang de la servante. C'est à ce moment qu'elle développa une fascination morbide pour le sang. 
Elle commença alors à désirer le sang des vierges. Grâce à sa position sociale, Elisabeth attira donc des jeunes vierges dans son château pour leur proposer de la servir mais elle les tuait toutes pour se recouvrir la peau de leur sang. Il y avait des rumeurs qui disaient que lorsque l'on apercevait son carrosse noir passer, on savait qu'il y avait une nouvelle fille tuée.
Cependant Elisabeth n'était pas une meurtrière commune ; pour elle, la torture était de l'art, et le sang son moyen d'expression. Pendant 10 ans, Elisabeth a utilisé des engins variés pour torturer les filles et les vider de leur sang. Elle prenait des bains de sang, dans le but de préserver sa jeunesse. Mais prendre des bains dans du sang humain n'était pas suffisant pour la comtesse ! Elle aimait les contacts directs,  ce qui veut dire qu'elle mordait ses victimes pour boire leur sang. Elle gardait les jeunes filles dans des cages de son donjon. Pendant plus de 20 ans, Élisabeth ne rencontra aucune résistance.
Un jour, elle fit une erreur. Alors qu'elle avait épuisé l'ensemble des paysannes vierges dans les alentours, elle continua avec les nobles qui  cherchèrent alors à l'arrêter mais sa situation rendait les choses impossibles. Lorsque le souverain Rodolphe II fut alerté des crimes de la comtesse, il mit un terme à son massacre. Plus de 600 jeunes filles vierges  auraient trouvé la mort, vidées de leur sang à cause de ces pratiques. Mais la comtesse ne pouvait pas être tuée car elle faisait partie de la royauté. Elle fut condamnée à l'isolement, enfermée dans une des pièces de son château pour le reste de sa vie. Elle mourut en 1614 et sa légende a survécu jusqu'à nos jours.
Les rituels étranges de cette comtesse ont alimenté le mythe du vampirisme.
Le tableau vampyren D'Edvard Munch


Tous ces vampires célèbres et ces maladies étranges ont construit petit à petit le mythe du vampire que nous connaissons aujourd'hui. Mais nous allons voir que notre société moderne l'a transformé selon ses désirs afin de rendre ce monstre "attrayant".